Le front « Touche Pas À Ma Constitution » s’est prononcé mercredi sur la désignation de Faure Gnassingbé comme Président du Conseil et l’élection de Jean-Lucien Savi de Tové comme président de la République, sans pouvoirs. Les organisations politiques et de la société civile membres de ce regroupement dénoncent un « sacrilège institutionnel ». Elles appellent à la mobilisation nationale contre la nouvelle Constitution qui bascule le Togo dans une Ve République qui est parlementaire.
Le front « Touche Pas À Ma Constitution » dénonce « vigoureusement le changement de Constitution opéré sans référendum ». Pour les leaders de ce regroupement, il s’agit d’un « coup d’État institutionnel » du pouvoir de Faure Gnassingbé.
« L’heure de la résistance nationale a sonné », martèle le collectif en ouverture d’un long communiqué au ton grave. La cible est claire : le régime de Faure Gnassingbé, accusé d’avoir imposé une nouvelle loi fondamentale sans l’aval populaire, en violation, selon eux, du principe de souveraineté du peuple.
Rupture de l’ordre républicain selon Touche Pas À Ma Constitution
Pour le front, l’adoption de la Ve République, dans un contexte de controverses parlementaires et d’absence de consultation populaire, constitue un acte de rupture avec l’ordre républicain.
« Deux Constitutions s’affrontent : celle issue du référendum de 1992, plébiscitée par 98% des Togolais, et celle imposée de force par une Assemblée nationale en fin de légitimité », s’indignent les responsables.
L’article 144 de l’ancienne Constitution, qui encadre strictement les modalités de révision, est au cœur de l’argumentaire juridique.
« Une révision n’est pas une substitution. Ce qui a été fait est une falsification, une contrefaçon légale », estime le front, qui dénie toute légitimité à la naissance d’une « Ve République ».
L’annonce de Jean-Lucien Savi de Tové comme nouveau président de la République dans le cadre de ce réaménagement institutionnel est perçue par les contestataires comme une manœuvre de façade destinée à « blanchir une concentration excessive du pouvoir entre les mains de Faure Gnassingbé », désormais président du Conseil, fonction exécutive suprême du nouveau système.
« C’est une dérive monarchique, un système fondé sur la peur, l’impunité et la domestication des contre-pouvoirs », dénonce le front, qui y voit un danger pour l’équilibre des institutions, mais aussi pour les libertés publiques.
La défection surprise de Marguerite Gnakadé
L’une des principales surprises de cette séquence politique est venue d’une ancienne fidèle du régime : Essossimna Marguerite Gnakadé, ex-ministre des Armées. Sa prise de distance fracassante, quelques jours avant la finalisation des nouvelles institutions, a été accueillie par les opposants comme un signal fort d’effritement du pouvoir.
« Elle a ouvert une brèche historique dans un régime que l’on disait monolithique », se félicite le front. L’ancienne ministre a décrit Faure Gnassingbé comme « l’architecte d’un système qui écrase toute voix dissidente par l’intimidation, la violence, les arrestations ou l’exil », suscitant de nombreuses réactions au sein de la classe politique.
Le collectif « Touche Pas À Ma Constitution » interpelle solennellement la CEDEAO, l’Union africaine et la communauté internationale, appelées à se pencher sur une crise institutionnelle susceptible de dégénérer. En citant l’article 150 de la Constitution de 1992, qui autorise les citoyens à s’organiser contre toute autorité illégitime, le front justifie la désobéissance civile comme un devoir patriotique.
Le collectif appelle les cadres et militants du parti au pouvoir UNIR, mais aussi les citoyens désabusés ou silencieux, à suivre l’exemple de l’ancienne ministre.
« Il est temps que les consciences s’éveillent, que les murmures deviennent cris, et que la révolte se transforme en action », concluent les signataires.
Parmi les membres du front figurent notamment la Ligue togolaise des droits de l’homme, la Dynamique pour la majorité du peuple (DMP), Pour le Togo, ASVITTO, CAR Transition, CODITOGO, ainsi que plusieurs mouvements citoyens tels que Togo Souverain ou encore le parti Les Démocrates.
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