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Politique

Togo: les miliciens qui sèment la terreur à Lomé justifient leurs actions

Cela fait plus de cinq ans qu’on n’a plus entendu parler d’eux, sans doute à cause de la volonté de normalisation de la situation politique. Eux, ce sont les miliciens notamment du pouvoir qui sont connus pour les actes de représailles. Mais curieusement, ils sont de nouveau en action dans plusieurs quartiers depuis lundi dernier. Mercredi, ils ont été vus dans les violents affrontements en cours dans la capitale. Certains d’entre eux ne manquent pas de justifier leur sortie.

Les loméens les ont aperçus mercredi dans les rues de Lomé quelques fois à bord de pick-up et autres véhicules 4X4, armés de machettes, de gourdins et des fusils pour certains. Ils ont bastonné plusieurs personnes et semé de ce fait la panique dans les quartiers Bè, Adéwui, Gbossimé, Atikoumé ou encore Agoè.

Tout cela se passait au vu et au su des forces de défense et de sécurité que ces miliciens appuyaient visiblement.

Alors que la psychose a gagné la capitale et que la terreur est palpable, ces miliciens justifient leurs navettes. Dans certains quartiers, les miliciens sont descendus de leurs véhicules pour désengorger la route nationale N°1 où brûlaient encore des pneus.

« Filmez bien ! Vous voyez notre travail ? Les gens veulent détruire ce pays. Les autres cassent, nous on nettoie », a lancé l’un d’entre eux précisant que leurs missions est de libérer la voie et favoriser la circulation.

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Mais ironie du sort, plusieurs d’entre eux ont été aperçus en train de s’en prendre à des passants et aux occupants de certaines maisons dans plusieurs quartiers à Lomé. « Ils ont défoncé notre portail et  ont pénétré dans la maison. Heureusement , j’étais seul.  J’ai dû escalader le mur pour trouver refuge chez un voisin. Qu’avons – nous fait au bon Dieu pour subir  tout ça ? Mon frère Degue  Agbokou Kodjovi est actuellement en exil à cause de ces violences politiques. Et nous qui sommes restés, vivons continuellement dans la peur dans ce quartier considéré comme un fief de l’opposition», raconte Degue Antoine, un habitant d’Ablogamé. Habitant du même quartier , Hounkpé Kodjo,  lui, a eu moins de chance. Le visage tuméfié, le bras droit dans le plâtre , il témoigne : « Quand ils sont entrés dans notre maison, ils ont passé à tabac tout le monde, femmes, hommes, enfants.Ils étaient fous de rage. Jamais je n’avais vu une telle brutalité ».

On se rappelle que ces miliciens avaient déjà semé la terreur  à Lomé  lors des troubles politiques de 2005, faisant fuir beaucoup de Togolais  qui ont pris le chemin de l’exil et qui ne peuvent pas rentrer aujourd’hui, sans être inquiétés. 

Visiblement, on est  face à un régime qui prêche la paix du bout des lèvres mais pose des actes qui ne rassurent personne.  Même la Commission Vérité Justice et Réconciliation (CVJR) qui avait été brandie comme l’instrument devant permettre aux Togolais de tourner les pages sombres et sanglantes de leur histoire, a offert aux hommes de main du régime l’opportunité de régler des comptes. Certains ont été tout simplement empêchés de témoigner et ont été contraints de fuir le pays, leur vie étant menacée. D’autres encore qui ont pu faire des dépositions, ont eux aussi  par la suite, pris le chemin de l’exil.  C’est le cas de Zinsou Kossivi  Atiwo Bernard, ancien directeur de la Radio Lumière d’Aného. 

Visiblement, on est  face à un régime qui prêche la paix du bout des lèvres mais pose des actes qui ne rassurent personne.  Même la Commission Vérité Justice et Réconciliation (CVJR) qui avait été brandie comme l’instrument devant permettre aux Togolais de tourner les pages sombres et sanglantes de leur histoire, a offert aux hommes de main du régime l’opportunité de régler des comptes. Certains ont été tout simplement empêchés de témoigner et ont été contraints de fuir le pays, leur vie étant menacée. D’autres encore qui ont pu faire des dépositions, ont eux aussi  par la suite, pris le chemin de l’exil.  C’est le cas de Zinsou Kossivi  Atiwo Bernard, ancien directeur de la Radio Lumière d’Aného.  Dans un  témoignage poignant  qu’il fit publier par  notre confrère icilome.com  en 2012, l’intéressé déclarait  notamment : « Le 26 Octobre 2011, conformément au programme qu’elle avait établi, la Commission Vérité, Justice et Réconciliation (CVJR), vint à Aného pour y organiser les audiences où il était question de recueillir les récits sur les évènements tragiques qui se sont passés à Aného en 2005 notamment la destruction de Radio Lumière. Lors d’une de ces audiences, devant le bureau de la Commission Vérité, Justice et Réconciliation (CVJR) et devant le public, j’ai déclaré que ce sont les militaires qui étaient à l’origine de la destruction, à Aného, de notre radio, Radio Lumière en 2005 ».

Cette déclaration, Zinsou Kossivi  Atiwo Bernard a bien failli la payer de sa vie !

La liste des exilés de ce régime est longue. Nous avons une pensée pour   Koffi Kounté, l’ancien président de la Commission Nationale des Droits de l’Homme (CNDH), Akila Esso Boko, ex- ministre de  la sécurité,  le Docteur vétérinaire Antoine Randolph, Franco-Togolais. Opposant de première heure ayant fui le Togo depuis les années 90, ce dernier croyant en la bonne foi du régime qui prêche à tout vent  la réconciliation, a tenté en 2016 un retour au pays. Mais mal lui en a pris. Enlevé par des individus non identifiés  pendant qu’il pratiquait le « Yoga » à la plage de Lomé, le mercredi 17 février 2016, il sera détenu en secret à l’Agence Nationale de Renseignement (ANR), avant d’être libéré quelques jours plus tard sous la pression des organisations de défense de droit de l’homme, de la presse et de la communauté internationale.

Pour toutes  ces personnes,   aucun espoir de revenir un jour au pays  tant que le clan Gnassingbé est au pouvoir.  L’action des miliciens  confirme cette triste réalité. 

Après 34 mois de travail, la mission de la CVJR a officiellement pris fin  le 03 avril 2012, date à laquelle la Commission a remis au Chef de l’Etat son rapport final assorti de recommandations.  « L’Etat (…) ne ménagera aucun effort pour prévenir et empêcher la répétition de ces actes attentatoires à la dignité humaine », avait déclaré Faure Gnassingbé. Mais  depuis, rien n’est  fait pour prévenir de nouvelles violences. Bien au contraire, les exactions et les violations des droits de l’homme  continuent de plus belle, faisant de nouvelles victimes. Les Togolais ont encore en mémoire la mort d’Anselme Sinandaré, 12 ans  et en classe de 6e, et de Douti Sinanlengue, 21 ans, en classe de  première, tués par balles  le 15 avril 2013  à Dapaong (600 km au nord de Lomé), dans une manifestation d’élèves en soutien aux  enseignants  en grève pour réclamer de meilleures conditions de vie et de travail. La liste des nouvelles victimes de ce régime vieux de cinquante ans s’est allongée  avec  les morts enregistrés dans les récentes manifestations de l’opposition : un enfant de 10 fauché par balles à Mango, un autre enfant âgé de 12 et en classe de 6è décédé dans les mêmes conditions  à Lomé ;  sans oublier les nombreuses autres personnes qui ont  perdu la vie à Sokodé et à Lomé dans ces manifestations.

Quelle justice pour toutes ces personnes ?  Y aura –t-il  une CVJR bis ? La question reste posée.

Pour rappel, depuis août 2017, 14 partis de l’opposition, réunis au sein d’une coalition, manifestent pour réclamer  des réformes constitutionnelles et institutionnelles  telles que prévues par l’Accord Politique Global (APG) signé par toute la classe politique togolaise en 2006. Ces manifestations pacifiques  sont régulièrement  réprimées  par les forces de l’ordre (policiers et gendarmes), appuyées par des militaires et des miliciens.

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