La Conférence des évêques du Togo (CET) donne de nouveau la voix. À l’approche de l’élection présidentielle, cette organisation tire sur la sonnette d’alarme. Pour les Evêques, les mêmes choses produisant les mêmes effets, les togolais sont inquiets. La faute conjointement au pouvoir qui « manque de volonté » et à l’opposition « qui n’a pas de vision ». Pour une élection transparente en 2020, les Evêques insistent sur la nécessité d’améliorer le cadre électoral avec 4 réformes majeures.
Pour les Evêques, les cœurs des Togolaises et des Togolais ne sont pas à la joie à l’approche des fêtes de fin d’année. Les hommes ne Dieu font remarquer que la prochaine élection présidentielle « ravive dans la mémoire de nos compatriotes le souvenir amer de scènes de violence et d’horreur ».
« Les mêmes causes produisant les mêmes effets, les Togolais sont inquiets ; ils redoutent la réédition du scénario auquel nous ont habitués les consultations électorales dans notre pays : élections entachées d’irrégularités suivies de contestations, de manifestations populaires, de répressions sanglantes, de dialogue et d’accords non suivis, d’élections qui se succèdent sans de réelles avancées, ainsi de suite… », indiquent ces hommes de Dieu
Manque de volonté vs Manque de vision
La Conférence des évêques dénonce du côté du pouvoir, un « manque manifeste de volonté politique de construire un Etat de droit et démocratique ». Mais l’opposition ne s’en sort pas mieux. Pour les Evêques, elle ne sait pas ce qu’elle veut, et donne l’impression de manquer de vision.
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« En effet, les objectifs autour desquels se sont souvent conclues des alliances saisonnières, sporadiques et circonstancielles entre des partis de l’opposition se sont toujours révélés être les causes de leur implosion », lit-on dans le message.
Les prélats disent voir venir le même scénario lorsque avec l’avalanche de déclarations de candidatures « plus préoccupées les unes et les autres par des intérêts personnels que par une réelle volonté de conquérir et d’exercer le pouvoir pour le bien de toute la Nation ».
« L’histoire de la douloureuse marche de notre pays vers la démocratie montre que chaque fois que l’alternance semble être à portée de main, elle achoppe sur ce comportement à la limite irresponsable de nos leaders politiques », appuie le message.
La situation que traverse le pays fait dire à la CET que le peuple est tiraillé entre ceux qui n’entendent lâcher aucune prise du pouvoir et ceux qui rêvent de le conquérir en s’appuyant sur lui.
« Les deux camps antagonistes ont en commun le manque d’amour et de respect pour la Mère Patrie et ses enfants, l’appétit vorace pour le gain facile sur le dos du misérable contribuable qui peine à satisfaire les besoins élémentaires. Les leaders politiques de notre pays sont manifestement plus préoccupés de leur confort personnel, ils ne se soucient guère du bien commun et du bonheur du peuple qui continue à croupir dans une misère indescriptible », argumente les hommes de Dieu.
Dans ce nouveau message au peuple togolais, la Conférence des Evêques dit dénoncer ce mal endogène qui gangrène la classe politique. Sa sortie vise par ailleurs à éclairer les consciences sur la voie à suivre pour sortir notre pays du cercle infernal dans lequel l’enferment ses propres fils et filles qui le gouvernent ou qui aspirent à le gouverner.
Les prélats se disent convaincus que le relèvement du Togo requiert la conversion de tous ses enfants, depuis les décideurs jusqu’au citoyen lambda, qui sont tous responsables de la situation d’enlisement.
« Il n’y a pas d’un côté seulement des méchants et des bourreaux, et de l’autre des bons et des victimes innocentes. Tout le monde, d’une manière ou d’une autre, a sa part de responsabilité. Les exactions et les forfaits commis ici et là, sont perpétrés par des togolais contre leurs concitoyens, et parfois par ceux-là mêmes dont la mission est de les protéger et de les défendre. Nous invitons tous et chacun à l’honnêteté et à une réelle prise de conscience », précise le message.
Assainir le cadre électoral avant la présidentielle de 2020
Au sujet de la présidentielle de 2020, les évêques appellent tous les acteurs à la raison et au sens de responsabilité, à la retenue, à s’abstenir de toute forme de violence et de tout acte de provocation.
Dans ce sens, la Conférence des Evêques du Togo demande au gouvernement d’opérer des réformes indispensables à l’assainissement du cadre électoral avant les présidentielles de 2020. Pour les hommes en soutane, il sera question de revoir notamment la composition de la CENI et de la Cour Constitutionnelle pour les mettre au-dessus de tout soupçon de dépendance, réviser le Code électoral, établir un fichier d’électeurs fiable et crédible, etc.
A l’opposition politique, il est demandé de se « départir des luttes mesquines et intéressées » pour travailler avec professionnalisme et civisme sur les réformes demandées, afin de proposer une alternative ancrée sur l’esprit de consensus et sur le respect mutuel.
Pour finir, les Evêques du Togo ont également lancé un appel aux politiques Togolais, afin qu’ils surprennent positivement le monde « en prenant leur responsabilité pour offrir enfin aux concitoyens, une élection paisible, libre, transparente et équitable ».
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