Le Collectif des propriétaires terriens s’oppose à l’immatriculation de plus de 20 mille hectares de terres dans les communes Ogou 2 et Ogou 4. Pour le Collectif, la nouvelle initiative du gouvernement togolais s’apparente à la réhabilitation de la faune de l’Oti et n’aura que pour retombée l’accaparement de terres cultivables. Soutenu par la Ligue des Consommateurs du Togo et l’association « Les sept collines », il interpelle le président togolais, Faure Gnassingbe et la Banque Mondiale à se saisir du dossier pour que la paix ne soit pas compromise.
Depuis des mois, le ministre en charge de l’administration territoriale a enclenché dans la préfecture de l’Ogou un processus qui a abouti aux réquisitions du Conservateur de la propriété foncière, Directeur des affaires cadastrales et domaniales. Il vise l’enregistrement des domaines dans le patrimoine de l’Etat.
La réquisition no 965-RP du 12 Avril 2019 concerne un terrain d’une contenance totale de 8.403 hectares 96 ares 79 centiares, situé dans les cantons d’Akparé et de Katoré, dans la Préfecture de l’Ogou ; borné au nord par une route de 30 mètres et le fleuve Mono, à l’ouest par la propriété de l’Etat togolais, au Sud par une route de 30 mètres, à l’Est par la propriété de l’Etat et une route de 30 mètres et à l’Est par le fleuve Mono.
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La réquisition n° 966-RP également du 12 Avril 2019 concerne un terrain d’une contenance totale de 12.174 hectares 90 ares 30 centiares, situé dans les cantons de Ountivou dans la Préfecture de l’Ogou et Glito dans la Préfecture de l’Anié ; borné au nord par la propriété de l’Etat togolais, au Sud par une route de 30 mètres, à l’Est par la propriété de l’Etat et une route de 30 mètres et à l’Ouest par la propriété de l’Etat togolais et le fleuve Mono.
Ces limites forment sur chacune des deux berges, le long du cours d’eau, depuis le barrage au sud jusqu’au village Kolokopé au nord, un polygone irrégulier d’une largeur de 10 kilomètres à partir du milieu du lit mineur du fleuve Mono. Cette superficie englobe plus de 50 villages qui risquent d’être rayés de la carte du Togo.
Le gouvernement justifie son projet par le décret n°84-171 du 25 septembre 1984 autorisant et déclarant d’utilité publique l’aménagement hydroélectrique de Nangbéto sur le fleuve Mono qui délimite la zone de la retenue du Barrage de Nangbéto.
La CEDEAO sera saisie
Pour les communautés de l’Ogou, il s’agit simplement d’une politique d’expropriation abusive par tromperie et duperie de vastes domaines agricoles, d’autant plus que les populations ont été déjà déplacées.
« Pour réaliser le réservoir du Barrage de Nangbéto, nombre de collectivités avaient déjà été déplacées contre leur gré et recasées dans des conditions scandaleuses par le gouvernement sur les sites qu’elles occupent actuellement. Dès lors, comment comprendre qu’aujourd’hui on cherche encore à les déplacer ? Pourquoi ? Pour aller où ? », questionne le Collectif.
D’ailleurs une opposition auprès du Conservateur de la propriété foncière, Directeur des affaires cadastrales et domaniales a été formulée par les collectivités en attendant.
« Nous serons obligés d’aller vers les juridictions de la CEDEAO si l’Etat togolais ne nous donne pas raison », prévient Emmanuel Sogadji, président de la LCT qui ajoute : « Le projet du barrage est un projet piloté par 2 pays de la CEDEAO : Le Bénin et Togo. Ces documents seront transmis aux président Patrice Talon du Bénin et Faure Gnassingbé du Togo pour qu’ils réagissent. Car la spoliation de plus de 20 mille hectares à une communauté peut troubler la quiétude dans la sous-région ».
Le collectif en question lance un appel pressant également à la Banque Mondiale, l’institution qui a financé la construction du barrage de Nangbéto.
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