Komi Abalo dans le rôle de pédagogue sur la pandémie à coronavirus. Après avoir proposé de solutions aux autorités togolaises pour sortir de cette crise sanitaire, le doctorant en cotutelle en histoire des relations internationales entre l’université de Lorraine en France et l’université de Montréal au Canada se tourne vers l’Afrique. L’étudiant togolais convie le continent noir à profiter de la situation actuelle pour briser le joug occidental dans le domaine médical. Pour lui, la science occidentale a montré ses forces et limites face à la vitesse de propagation du covid-19, aussi bien en Asie, en Europe qu’en Amérique. Voici en intégralité sa réflexion.
COVID-19 : MALÉDICTION OU ACTION HUMAINE, L’AFRIQUE ENCORE VICTIME DE L’APPARENTE INCAPACITÉ DE LA SCIENCE ?
Depuis son apparition, l’humanité a toujours été éprouvée par de nombreuses pathologies dont certaines ont fini par prendre le caractère épidémique, voire pandémique. Au rang des nombreuses pandémies, nous pouvons retenir, entre autres, les différentes pestes, le choléra, la variole, la fièvre jaune. Chacun de ces différents maux, qui ont décimé des milliers de personnes, ont permis à l’homme de découvrir sa vraie limite humaine, donc des limites réelles de sa science, et d’interroger le surnaturel, domaine par excellence de Dieu et/ou des dieux.
Le COVID-19 vient nous révéler une fois de plus l’impuissance de la médecine mondiale face à ce que nous pouvons appeler, sans pour autant la minimiser, ‘’une simple grippe’’ Cette situation ne laisse indifférent personne. Les religieux se posent mille et une questions : est-ce la fin du Monde annoncée dans les Saintes Écritures ? Une nouvelle colère de Dieu vis-à-vis des humains ?
L’Afrique reste le continent le moins touche
La science occidentale a montré ses forces et limites face à la vitesse de propagation de ce virus, aussi bien en Asie, en Europe qu’en Amérique. Ce constat nous permet aussi de chercher à comprendre les raisons réelles de la lenteur de la propagation du virus en Afrique, bien que la France et l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) lui auraient prédit une véritable hécatombe à cause de la précarité de ses infrastructures sanitaires et de la pauvreté.
Le premier cas du virus a été enregistré le 14 février en Egypte. Les Africains se préparaient depuis lors à faire face à un défi majeur. Le directeur de l’OMS a appelé l’Afrique à « se réveiller » et à « se préparer au pire ». Deux mois plus tard, les pays africains sont moins touchés par rapport aux Européens et aux Américains. Le faible taux de tests fausse certes les données, mais aussi plusieurs cas restent inconnus des médias et comités ah doc de gestion de la crise. L’Afrique reste aujourd’hui un continent aux vieilles traditions, et où, la confiance aux plantes traditionnelles dépasse parfois, selon les sociétés, celle des produits pharmaceutiques. Les personnes âgées sont les plus frappées par le coronavirus. En France par exemple, 75% des victimes ont plus de 75 ans alors qu’en Afrique, les moins de 24 ans représentent 63% de la population et 77% pour les moins de 35 ans. Il faut également noter que le continent africain présente un faible taux d’obésité qui est l’un des facteurs de risque de mortalité de ce virus. Selon d’autres études, le vaccin BCG en Afrique constitue un facteur qui empêche la propagation du virus. En effet, l’Italie et les États-Unis qui sont les plus touchés ne disposent pas de cette politique de vaccination. D’autres facteurs peuvent en revanche apporter quelques pistes d’explication au ralentissement du virus. Le continent africain compte 1467 décès confirmés pour 33 273 cas enregistrés et 10 091 guérisons en date du 28 avril selon le Centre pour la prévention et le contrôle des maladies de l’Union africaine. L’Algérie reste le pays le plus touché en Afrique avec plus de 3517 cas de Covid-19 confirmés, dont 432 décès.
Pour ce faire, l’Afrique doit-elle continuer à faire confiance aveuglement aux produits et firmes pharmaceutiques occidentales ou doit-elle encourager le recours à ses vieilles traditions thérapeutiques ancestrales ? Madagascar vient de nous démontrer la capacité de l’Afrique à relever l’humanité de sa chute à travers son remède « Covid-Organics », bien que ce dernier soit diabolisé par l’OMS.
Madagascar démontre que les solutions traditionnelles de santé (la plante artemisia annua) non approuvées par l’OMS contre le paludisme hier et aujourd’hui contre le Covid-19 pourraient au contraire, être les meilleures approches de solution de traitement contre ce fléau.
Selon le président malgache Andry Rajoelina, le laboratoire IMRA (Institut malgache pour les recherches appliquées) a réalisé les recherches jusqu’à la production de ce médicament déjà conditionné et très efficace contre cette pandémie. Le silence, voire l’indifférence totale de l’OMS et des organisations internationales, traduit que, pour certains, la réalité de la lutte contre la pandémie ne devrait pas venir de l’Afrique, ou que les produits découverts ne respectent peut-être pas les normes scientifiques. Le centre de recherche IMRA n’est-il pas reconnu par le ministère de la santé malgache et donc par l’OMS ? Un proverbe africain dit ceci : « le soleil n’ignore pas un village parce qu’il est petit ». Par ailleurs ce dédain vis-à- vis du produit malgache amène certains esprits à se demander le rôle que devraient jouer les États africains dans cette organisation mondiale : l’Afrique serait-elle l’éternelle observatrice et consommatrice des découvertes occidentales ?
Ces interrogations doivent susciter tant de réflexions et apports de la part des historiens en vue de l’enrichissement du débat. On a toujours pensé que les questions d’ordre sanitaire à l’échelle planétaire avaient été réglées après la grippe espagnole de 1918. Mais à la surprise de tous, un siècle plus tard, le coronavirus, encore nommé « virus de Chine » par Donald TRUMP, remet l’Homme face à son destin. Au sortir de la Première Guerre mondiale, le monde était frappé par une grippe, aux conséquences pires que la guerre elle-même : la grippe espagnole. Cette pandémie est due à une souche particulièrement virulente et contagieuse qui s’est répandue de 1918 à 1919. Face à l’apparition de cette nouvelle grippe Covid-19, on est en droit de chercher à savoir pourquoi c’est après chaque cent ans que surviennent des crises de ce genre. La crise actuelle nous rappelle que nous avons plus besoin des scientifiques- chercheurs à la place des pasteurs, des hôpitaux que d’édifices religieux (églises, mosquées, synagogues etc.), de la solidarité entre les États en lieu et place de l’individualisme, du socialisme au lieu du capitalisme. Aujourd’hui, bien qu’ayant été la première victime, la Chine peut se prévaloir gagnante de cette prétendue guerre sans en avoir tiré un seul coup de canon.
L’Afrique et les géants du monde
Le coronavirus pousse des États à s’affranchir des règles de la Communauté internationales: les USA retirent leur soutien à l’OMS. L’humanité est passée de la solidarité à l’individualisme, croyant pouvoir échapper à tout système. Mais il a fallu l’avènement de ce virus pour changer l’ordre établi. On ne reconnaît plus ni les grandes puissances avec tout le confort qui caractérise l’équipement de leur système sanitaire, ni les pays en voie de développement dont les hôpitaux ne représentent que de véritables tombeaux à ciel ouvert. On se demande à qui reviendra la première place après cette crise ? Ce que les puissances occidentales n’ont pas pu obtenir en Irak, en Syrie, en Libye, etc. le coronavirus l’a obtenu (le cessez-le-feu, la trêve), le capitalisme tant soutenu par les États-Unis est désormais soumis à la rude épreuve de solidarité et du socialisme.
Les sociétés ont obtenu la baisse des coûts des matières premières, sans toutefois protester contre la hausse des prix de première nécessité. On ne remarque plus de distanciation sociale entre le riche et le pauvre, les forts et les faibles hurlent de la même manière. Le continent noir, berceau de l’humanité, risque de devenir la future terre d’accueil, ce qui changera foncièrement le sens d’orientation des migrations mondiales. Le Mexique protège ses frontières contre les Américains afin d’éviter qu’ils ne contaminent sa population. Les lois qui protègent les grandes nations se retrouvent du jour aux lendemains impuissants. Les riches et les pauvres peuvent enfin cohabiter dans une même salle de soin. On se rend compte à quel point tout est éphémère et vanité, selon les dires d’Ecclésiaste.
Cette pandémie est un adversaire appelé à vivre dorénavant parmi nous, on ne peut pas l’éradiquer à 100% pour l’instant, mais on peut apprendre à vivre et à cohabiter avec lui, tout en gardant les gestes barrières. En attendant un remède, à l’Afrique de gérer la pandémie comme elle le peut, en faisant confiance aux valeurs ancestrales (la médecine traditionnelle améliorée par exemple) car elle n’a rien à perdre, c’est le résultat qui compte. Aujourd’hui, nous faisons face à la géopolitique des médicaments dont la plupart des laboratoires de recherche sont en Occident. Les produits pharmaceutiques de l’Inde et de la Chine sont reconnus par les Occidentaux. Pourquoi ceux de l’Afrique ne bénéficient-ils de la même considération ?
Les Africains se méfient maintenant des essais cliniques proposés hors de leur territoire, ceci en partie à cause de certaines rumeurs qui soupçonnent l’introduction du virus du sida au travers le vaccin contre la polio entre 1957 et 1960 en RDC d’une part, mais aussi et surtout à cause des nombreuses déclarations de l’OMS et de certaines puissances européennes en faveur du nombre élevé de morts en Afrique d’autre part. Avec l’évolution des NTIC, le continent noir devient de plus en plus éveillé, rendant les pays occidentaux victimes de leur propre technologie : l’Internet devient le véritable ciment dans la mondialisation, qui permet à chaque individu de s’informer en temps réel sans grand risque de désinformation.
L’Afrique désormais seule face à son destin ?
Compter sur les grandes puissances occidentales comme seul rempart contre les différents maux est loin de porter bonheur à l’Afrique. L’idéal pour l’Afrique est de tracer sa propre route de développement pluridimensionnel, à l’instar des pays émergents de l’Asie (Chine, Singapour, Inde, Corée du Sud, Corée du Nord, entre autres). Les politiques africaines à l’interne et vis-à-vis de l’Occident doivent être réorientées vers une autonomie totale, mais aussi une redéfinition des nouveaux termes d’échange. L’Occident doit lui aussi Re-penser autrement ses valeurs. Hier, c’était Ebola en Afrique et toutes les frontières lui étaient fermées. Quel dénouement de cette pandémie ?
La solidarité dans la considération et l’universalisation des valeurs de chaque peuple sera sans doute le maître mot de ce qu’il faudra faire pour réinventer un nouveau monde prospère. L’Afrique est toujours restée tolérante et ouverte à toutes valeurs exogènes. Que le monde occidental réinvente sa roue en y réintroduisant les ingrédients manquants ; les valeurs humaines au cœur du développement au détriment de l’individualisme. On n’en serait pas là aujourd’hui si le malheur n’arrivait qu’aux autres.
Komi ABALO, Doctorant en cotutelle entre la France et le Canada
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