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Grâce Bikoni-Koumayi : Me Darius Atsoo dénonce une détention inopportune

Didier ASSOGBA
4 Min Read
Grâce Bikoni-Koumayi

Depuis quelques jours, la mise en détention préventive de Grâce Bikoni-Koumayi, sage-femme et militante togolaise, fait réagir au-delà du cercle médical. L’affaire, qui secoue les réseaux sociaux et une partie du monde judiciaire, illustre la sensibilité d’un système judiciaire souvent accusé de privilégier systématiquement la détention préventive aux mesures de liberté conditionnelle. Me Darius Atsoo, avocat au barreau de Lomé juge la détention de la militante inopportune.

L’arrestation de Grâce Bikoni-Koumayi remonte au 3 octobre 2025. Ce qui aurait pu rester une procédure ordinaire a pris une tournure symbolique. La professionnelle de santé, connue pour son engagement en faveur des droits des femmes, a été placée sous mandat de dépôt, suscitant une vague de protestations.

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La sage-femme et militante est désormais poursuivie pour « appel à la révolte » et « tentative d’atteinte à la sûreté intérieure de l’État ».

Détention « inopportune » de Grâce Bikoni-Koumayi

L’avocat togolais Me Darius Atsoo, connu pour ses prises de position publiques sur des cas pareils, a réagi sur son compte X (anciennement Twitter). « Je suis viscéralement indigné par le placement en détention préventive de notre compatriote Grâce Koumayi Bikoni », écrit-il, dénonçant une mesure « inopportune » au regard du profil de la mise en cause.

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Pour le juriste, le parquet aurait dû privilégier une liberté sous contrôle judiciaire, permettant à Grâce Bikoni-Koumayi de continuer à exercer son métier au service des femmes enceintes. « Nous n’avons pas suffisamment de sages-femmes pour en priver une de sa liberté », souligne-t-il, appelant les magistrats de la chambre d’instruction à revoir la décision.

Cette affaire met en lumière une tension récurrente au Togo entre la rigueur judiciaire et la perception citoyenne de la justice. Dans un contexte où la détention préventive reste une pratique fréquente, la société civile s’interroge sur l’équilibre entre la protection de la procédure et le respect des droits fondamentaux.

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Si le parquet n’a pas réagi pour l’heure sur l’affaire, plusieurs organisations de défense des droits humains appellent à la transparence et au respect du principe de proportionnalité.

Conséquence de la surveillance des réseaux sociaux

En attendant la suite de la procédure, Me Darius Atsoo dit espérer que « la défense pourra compter sur les hauts magistrats de la chambre d’instruction d’appel pour exercer leur contrôle juridictionnel sur cette mesure privative de liberté ».

Depuis plusieurs mois, les publications virales de Grâce Bikoni-Koumayi — courtes séquences filmées dans les ruelles de Pya, Hahotoë, Atakpamé ou Kpomé — dénoncent sans fard la misère quotidienne, les expropriations foncières liées à l’exploitation du phosphate, et l’enrichissement d’une élite au détriment des populations togolaises. Ce qu’elle montre, c’est une autre face du Togo : celle des familles chassées de leurs terres ancestrales mais qui ne sont toujours pas rentrées dans les promesses devant suivre les relogements.

À plusieurs reprises, elle a pointé du doigt les contradictions dans la gouvernance du pays, allant jusqu’à évoquer la situation à Pya, localité d’origine du président du conseil, Faure Gnassingbé, comme symbole d’un développement inégal. Selon des sources proches du dossier, c’est la diffusion de ces contenus, qualifiés de « subversifs », qui aurait motivé son interpellation. On lui reproche d’avoir « incité à l’insurrection »

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