Après des décennies de tensions et de conflits meurtriers dans l’Est de la RDC, le Rwanda et la République démocratique du Congo (RDC) s’apprêtent à tourner une page sombre de leur histoire commune. Un accord bilatéral de paix, qualifié de « définitif » par les parties concernées, doit être officiellement signé ce vendredi, à Washington, en présence du secrétaire d’État américain Marco Rubio.
Cette avancée majeure est l’aboutissement de trois jours de négociations intenses menées sous la double médiation des États-Unis et du Qatar. Le Département d’État américain salue un processus « constructif » et « orienté vers des résultats concrets », centré sur la réconciliation des intérêts de Kinshasa et de Kigali dans une région des Grands Lacs meurtrie par l’instabilité.
Désarmement, mécanisme conjoint et fin des hostilités
Au cœur du document figure un plan ambitieux de désarmement, de retrait et d’intégration des groupes armés opérant dans l’est de la RDC, notamment le M23 et les FDLR. Ces derniers constituent depuis des années le nœud des tensions sécuritaires entre les deux pays.
L’accord historique présumé prévoit également la création d’un mécanisme conjoint de surveillance, chargé de garantir le respect des engagements et de prévenir toute nouvelle escalade. Ce dispositif devrait impliquer des observateurs internationaux, ainsi que des représentants civils et militaires des deux États.
Depuis des mois, la situation dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu s’était à nouveau envenimée. Kinshasa accuse Kigali de soutenir activement le M23, responsable de la prise de villes clés comme Goma ou encore Bukavu. Kigali, de son côté, évoque une menace persistante des milices hutu des FDLR, certaines issues du génocide de 1994, comme justification de ses incursions dans la région.
Les efforts de médiation entrepris par l’Angola et d’autres acteurs africains n’avaient jusqu’ici abouti qu’à des cessez-le-feu précaires. C’est finalement sous pression diplomatique américaine, dans un contexte géopolitique régional tendu, que les lignes ont bougé vers un « accord historique ».
Une paix encore fragile ?
Pour les observateurs, cet accord reste fragile et conditionné à la mise en œuvre sincère des engagements par les deux capitales. « Le plus dur commence maintenant : transformer les mots en actes, et reconstruire la confiance entre deux nations profondément blessées », analyse un diplomate africain présent à Washington.
Le texte du compromis devrait être rendu public après signature. En RDC, l’annonce a été saluée avec prudence, alors que de nombreux déplacés internes attendent des mesures concrètes de retour à la sécurité.
Ce tournant diplomatique, s’il se confirme, pourrait redessiner durablement les équilibres sécuritaires dans la région des Grands Lacs. Il pourra offrir également une issue tant attendue à une crise qui a fait, en trois décennies, des millions de victimes directes et indirectes dans l’Est de la RDC.
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