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Dussey: « En 2019, la diplomatie togolaise a été de tous les rendez-vous »

Le ministre togolais des affaires étrangères, de l’intégration africaine et des togolais de l’extérieur se prononce sur les temps forts de l’action diplomatique du Togo en 2019. Prof Robert Dussey estime que l’espoir d’un Togo meilleur est un combat dans lequel l’autosatisfaction ne saurait être de mise. Tout en excluant toute suffisance et minimalisme, le Chef de la diplomatie togolais salue le dévouement du personnel de son département ayant permis l’atteinte des objectifs fixés en début d’année. Robert Dussey revient sur la mise en place du Haut Conseil des Togolais de l’Extérieur (HCTE), un cadre d’échanges et de travail entre le gouvernement et les Togolais de l’extérieur sur plusieurs questions. En ce qui concerne les négociations ACP-UE, le négociateur en chef pour les ACP assure que les discussions avancent normalement et pourront être conclues fin mars prochaine en vue de la signature du nouvel Accord ACP-UE prévue à Apia (Samoa). Dans l’interview ci-après, Robert Dussey déclare, en somme, que la diplomatie togolaise a été à tous les rendez-vous nationaux et internationaux en 2019.

Dans quelques jours, nous franchirons le cap d’une nouvelle année. A l’heure du bilan, êtes-vous satisfaits de la contribution de la diplomatie à l’œuvre de construction du Togo et à la marche du monde ?

Robert Dussey : Bonjour. Je vous remercie pour cette occasion que vous m’offrez de revenir un tant soit peu, sur les faits marquants de l’activité diplomatique du Togo au cours de l’année 2019.

Pour revenir à votre question, je dirai que la diplomatie togolaise, sous l’impulsion du Chef de l’Etat, Son Excellence Monsieur Faure GNASSINGBE, dont je salue la vision et la clairvoyance, a été de tous les rendez-vous aussi bien nationaux qu’internationaux, en vue d’accompagner les efforts du Gouvernement dans sa quête du mieux-être pour tous les fils et filles de notre pays.

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Cependant, dire que j’en suis satisfait serait, pour le philosophe que je suis, faire preuve de suffisance et de minimalisme. L’espoir d’un Togo meilleur et prospère est un combat de tous les jours, un combat sans fin, dans lequel l’autosatisfaction ne saurait être de mise. Je peux cependant, sans fausse modestie, dire que le personnel de mon département, aussi bien à la centrale que dans nos missions diplomatiques et consulaires, a donné le maximum pour l’atteinte des objectifs que nous nous sommes fixés en début d’année. Quant aux résultats, je laisse le soin aux Togolais, y compris vous les hommes de médias, d’apprécier.

En début d’année, votre ministère s’est vu adjoindre de nouvelles attributions, celles des Togolais de l’extérieur. Qu’est-ce qui a été fait en faveur de la diaspora durant ces 12 mois ?

Il s’agit là d’une question très intéressante dans la mesure où un pan entier des activités du Ministère a été consacré cette année à la diaspora togolaise.

La diaspora togolaise, comme celle d’ailleurs, qu’on l’accepte ou pas, est un acteur devenu incontournable dans le processus de développement du continent. C’est un fait. Et il est d’ailleurs inutile de rappeler que le montant des transferts qu’elle envoie en Afrique, dépasse de loin l’aide publique au développement. De plus, le potentiel de ce que cette diaspora peut apporter en termes de compétence et de réseaux relationnels est énorme. Les Etats ont donc pris conscience de la place de la diaspora, riche de sa diversité et de ses intelligences, dans l’effort de développement et ont dès lors mis en place, ces dernières années, des politiques orientées vers l’intensification de la participation de leurs ressortissants de l’extérieur aux efforts nationaux de développement.

Le Togo n’est pas du reste. La volonté du Gouvernement de prendre en compte la diaspora dans le processus de développement de notre pays ne date pas d’aujourd’hui, comme vous semblez le dire. En effet, depuis 2005, le Gouvernement n’a cessé de multiplier les initiatives à la fois institutionnelles et administratives en faveur des Togolais de l’extérieur. Sans être exhaustif, on peut noter, pour illustrer :

– La création par décret en 2005 de la Direction des Togolais de l’Extérieur au Ministère des Affaires étrangères, chargée de mettre en oeuvre la politique du Gouvernement visant à la protection et la défense des intérêts des Togolais de l’extérieur ;

– l’institution du programme diaspora en 2010 portant notamment sur le recours aux compétences de la diaspora (2010-2014) ;

– la création en 2014 du comité interministériel chargé de la coordination et du suivi des activités de migration et développement ;

– la mise en place d’une cellule diaspora chargée d’accompagner les Togolais de l’extérieur porteurs de projets dans leur mise en oeuvre ;

– la désignation depuis 2015 de points focaux chargés de la diaspora dans les missions diplomatiques et consulaires du Togo ;

– des tournées de rencontre avec la diaspora entre 2013 et 2014 ;

– l’organisation des grandes assises de la diaspora en 2014 à Lomé ;

– l’exemption de visa pour les Togolais de l’extérieur détenteurs d’une double nationalité ;

– l’organisation de la première édition de la semaine des « Réussites Diaspora» en 2016.

C’est dans cette lancée que le Gouvernement a consolidé son engagement vis-à-vis de nos compatriotes vivant à l’étranger à travers de nouvelles attributions pour le Ministère des Affaires étrangères, tutelle de cette diaspora, en prenant en compte dans son appellation « les Togolais de l’extérieur ».

Conformément à cette mission, qui en vérité n’est pas nouvelle, puisqu’elle s’inscrit dans la continuité des efforts déjà entamés par le gouvernement en faveur de sa diaspora, j’ai lancé le 1er avril 2019 au nom du Gouvernement, la Feuille de route des Togolais de l’extérieur qui porte sur plusieurs activités aux rangs desquels figurent notamment une meilleure organisation de la diaspora togolaise en vue de sa plus adéquate implication dans les efforts de développement national. Il s’agit de faire de la diaspora un interlocuteur des pouvoirs publics. Or, et tout le monde le sait, notre diaspora est extrêmement divisée et hétéroclite, d’où la nécessité de mieux l’organiser pour lui donner un visage. Le défi était grand dans la mesure où il s’agit de créer et d’instituer une logique d’unité à partir de la pluralité caractéristique de cette diaspora.

Nous avons donc lancé au début du mois de juillet le processus de vote en ligne ayant conduit à l’élection de soixante-dix-sept (77) Délégués-pays, membres du Haut Conseil des Togolais de l’Extérieur (HCTE) qui est une plateforme consultative et non partisane. Le HCTE se veut un cadre d’échanges et de travail entre le gouvernement et les Togolaises et Togolais de l’extérieur sur les questions de développement, de défense des droits et des intérêts de ces derniers.

Après leur élection, les 77 Délégués-pays, membres du HCTE se sont réunis pour la première fois à Lomé les 28 et 29 novembre 2019 à l’occasion du Forum « HCTE-Réussites diaspora ».

Justement monsieur le Ministre, que poursuiviez-vous à travers l’organisation du « Forum HCTE- Réussites diaspora » qui, selon beaucoup d’observateurs, a connu un éclatant succès ?

Le « Forum HCTE- Réussites diaspora » répondait à deux objectifs principaux :

Premièrement, il a été l’occasion pour le Gouvernement d’entretenir les Délégués-pays sur leurs rôles, leurs missions, leurs responsabilités et le cadre juridique de leurs actions, de présenter la vision de développement qui sous-tend l’action gouvernementale, d’une part, et de définir avec eux, les conditions d’une contribution plus optimale de la diaspora aux efforts de développement du Togo, d’autre part. A l’issu du forum, les 77 Délégués pays du HCTE ont été officiellement installés dans leurs fonctions à l’occasion d’une cérémonie officielle personnellement présidée par le Premier Ministre, Son Excellence Monsieur Selom KLASSOU, au nom du Président de la République, Son Excellence Monsieur Faure Essozimna GNASSINGBE. Il faut également dire que les membres du HCTE ont pu mettre en place leur bureau, composé d’un Présidents et de quatre Vice-Président pour chacune des zones géographique (Afrique, Amérique, Europe et Asie-Océanie).

Deuxièmement, eu égard aux résultats satisfaisants de la première édition des « Réussites diaspora, le Ministère des Affaires Etrangères, de l’Intégration Africaine et des Togolais de l’Extérieur a organisé la deuxième édition, pour célébrer l’excellence togolaise dans le monde. La Nuit des Réussites Diaspora a eu lieu le 29 novembre 2019 au cours d’une belle soirée de gala au Palais de la Présidence de la République. Elle a révélé au monde cinq talentueux Togolais de la diaspora dont les réalisations et inventions ont contribué à faire avancer l’humanité. Leurs mérites étant reconnus dans leurs pays de résidence, leur patrie se fait le devoir de les honorer. Ces cinq héros de la patrie sont :

– Docteur Victor Kossikouma AGBEGNENOU, dont le principal mérite est d’avoir inventé un kit innovant (cartable numérique) reliant enseignants et apprenants via internet qui fonctionne grâce à l’énergie solaire. Le dispositif permet aux élèves d’avoir accès à leurs cours et autres documents pédagogiques n’importe où ils se trouvent ;

– Dr André BATAKO, inventeur, entre autres, d’une affuteuse linéaire à coupe profonde et à grande vitesse avec vibration, d’une machine à désinfection de l’eau potable en utilisant les rayons ultra-violets avec des lampes sans électrodes et d’une machine pour sécher les produits agricoles en utilisant les rayons infra-rouges ;

– M. Jean-Claude HOMAWOO : il est le cofondateur, associé et directeur de LORI SYSTEMS de Nairobi au Kenya, en charge, entre autres du développement et de l’autonomisation des logiciels, de la stratégie commerciale et de l’optimisation des opérations. En 2017, LORI a été reconnu Start-Up à la croissance la plus rapide en Afrique.

– Monsieur Simon WOROU : Maire de la Commune de Sainte Juliette en France, et

– Monsieur Pierre Koffi ALANDA ; spécialiste de l’agriculture biologique à Branconnet dans les Alpes français, il a mis au point un système de clôture électrique qui peut être une solution pour les problèmes liés à la transhumance.

En célébrant la réussite de ces concitoyens, nous encourageons la culture de l’excellence.

Les négociations entre les ACP et l’UE en vue d’un accord post-Cotonou d’ici 2020 sont en cours. En votre qualité de négociateur en chef du groupe ACP, dites-nous ce qu’il en est ? Un accord est-il possible avant l’échéance de février 2020 ?

Signé en 2000 pour une période de 20 ans, l’accord de Cotonou qui régit actuellement les relations entre les ACP et l’UE expire le 29 février 2020. Les négociations en vue de la conclusion d’un nouveau partenariat ont été lancées le 20 septembre 2018 à New York, en marge de la 73ème session de l’Assemblée générale des NU.

Les négociations en cours, visent à poser les jalons d’une nouvelle dynamique et d’une nouvelle coopération transcendant la coopération classique au développement.

Le partenariat ACP-UE est principalement axé sur l’éradication de la pauvreté et le développement durable et inclusif des pays ACP et des pays de l’UE. Il couvre trois domaines d’action essentiels: la coopération au développement, le dialogue politique et le commerce.

S’appuyant sur les enseignements tirés de 44 ans de coopération et tirant le meilleur parti du nouveau contexte, le futur accord pourra ouvrir des perspectives sans précédent. En nouant une alliance politique forte, les ACP et ses partenaires seront en mesure de mettre au point des solutions adaptées aux défis propres à chaque région, dont la croissance et la création d’emplois, le développement humain et la paix, les migrations et les questions de sécurité. Parmi les défis qui se posent actuellement à l’échelle mondiale, nombreux sont ceux qui requièrent une démarche concertée et multilatérale pour obtenir des résultats concrets.

Un an après le lancement des négociations ACP-UE post 2020, les discussions avancent dans la sérénité.

Le premier défi relevé a été de trouver un consensus sur le format du futur accord de partenariat. Il sera composé d’un socle commun applicable à tous les Etats membres et de trois piliers régionaux qui refléteront les spécificités et les besoins propres à chacune des régions qui constituent les ACP. C’est dire que l’Afrique, les Caraïbes et les Pacifiques sont appelés à négocier directement leurs protocoles régionaux respectifs avec l’UE, à la lumière de leurs ambitions de développement. En responsabilisant ainsi les régions, le groupe ACP a la conviction que celles-ci feront un travail de fond efficace.

Toutefois, il devient peu probable que ces négociations puissent s’achever avant le 29 février 2020, date d’expiration de l’Accord en cours. Déjà, le 23 mai 2019, le Conseil conjoint des Ministres ACP-UE, mesurant la complexité de la tâche, avait délégué ses pouvoirs au Comité conjoint des Ambassadeurs en vue d’adopter toutes mesures transitoires requises qui éviteraient une interruption du partenariat ou un vide juridique, au cas où les négociations n’arriveraient pas à terme en temps voulu.

Les discussions sur ces mesures transitoires se poursuivent également entre les deux parties. Le moins que l’on puisse dire pour l’instant est que les deux parties s’accordent sur une seule prorogation de l’Accord de Cotonou avec pour date limite le 31 décembre 2020. Ce que je peux vous dire, c’est que nous mettons tout en œuvre pour progresser le plus rapidement possible afin que le paraphe du nouvel Accord puisse intervenir au plus tard en fin mars 2020.

De cette façon, nous pourrons disposer de suffisamment de temps pour apprêter le nouvel Accord en vue de sa signature prévue à Apia (Samoa).

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