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Bawara: « les réformes politiques seront faites au Parlement avant les élections du 20 décembre »

Gilbert Bawara est revenu mercredi sur la situation sociopolitique que traverse le Togo depuis les évènements du 19 août 2017. Le ministre est largement revenu sur les circonstances ayant favorisé ces évènements, qui, selon lui, ne sont ni plus ni moins qu’une tentative de coup d’Etat préparée de longues dates mais qui a échoué. Estimant que les intentions réformatrices de Faure Gnassingbé ont été mal perçues par l’opposition, parce que peu ou mal expliquées, le ministre de la fonction publique indique que l’heure est désormais à l’application intégrale de la feuille de route de la CEDEAO. Dans une longue interview accordée à Afreepress, l’homme de confiance du président togolais annonce que tout sera mis en œuvre pour que les élections législatives se déroulent impérativement le 20 décembre prochain. De même, il annonce qu’un projet de loi portant modification constitutionnelle est en préparation et sera introduit dans les prochains jours à l’Assemblée nationale pour que les réformes soient opérées bien avant les élections législatives. Il précise toutefois que le référendum demeure un ultime recours pour éviter une situation de statu quo.

D’abord au sujet du 19 août 2017, Gilbert Bawara  a estimé que les soulèvements a été une situation extrêmement douloureuse pour le Togo au vu du « tort énorme » causé à la cohésion nationale, à l’image et à la réputation du Togo ainsi que du grave préjudice porté à l’économie du pays.

« De ce point de vue, elle dénote d’une volonté délibérée de casser la dynamique de croissance, de provoquer des difficultés économiques et sociales et de susciter un environnement propice aux mécontentements, à la révolte et à la sédition. Les événements déclenchés le 19 août 2017 sont le fruit d’une conjonction de facteurs et de circonstances qui ont été exploités et instrumentalisés à des fins de déstabilisation du pays et de renversement des institutions établies. Tous les complots et coups d’Etat ont besoin de prétexte », croit-il.

Le ministre de la fonction publique avance que la question des réformes politiques et de l’alternance a servi d’alibi à la « tentative de déstabilisation fomentée par quelques personnages qui croient pouvoir se draper dans une virginité politique d’apparence » pour assouvir leurs intérêts et ambitions.

Pour lui, s’il y avait eu une réelle volonté politique au sein de la classe politique, notamment de la part de l’opposition, le Togo aurait fait l’économie de cette situation dont « le PNP et son leader n’ont été en réalité que de simples exécutants ».

Parlant de la problématique des réformes politiques, constitutionnelles et institutionnelles, le porte-parole du gouvernement pense que la création de la commission de réflexion par le Chef de l’Etat devrait aboutir à une refonte complète de la constitution et du système politique. Il se désole de ce que cette démarche n’ait pas été comprise, parce que « sans doute pas suffisamment expliquée ».

Accusant l’opposition togolaise d’avoir pris l’habitude de créer des problèmes pour ensuite s’en prévaloir, le ministre affirme que les partis politiques membres de la coalition de l’opposition ne peuvent que s’en prendre à eux-mêmes pour la maigre satisfaction obtenue auprès de la CENI. Pour lui, leur faute est d’avoir refusé de s’associer aux travaux de la Commission Awa Nana. Il ajoute par ailleurs que « même les résultats obtenus en 2014 grâce à la médiation de Monseigneur Nicodème Barrigah étaient de loin plus consistants » que ceux que la CEDEAO a arrêtés.

« Et si la coalition avait souscrit aux approches et démarches préconisées par le gouvernement en acceptant de privilégier des discussions et échanges directs et des compromis entre les acteurs togolais, avec l’appui et l’accompagnement des bonnes volontés extérieures, il est possible que des solutions plus ambitieuses auraient été trouvées et depuis bien longtemps. Au contraire, la coalition et ses leaders n’ont cessé de disqualifier et de rejeter toutes les initiatives du gouvernement togolais, préférant placer le dialogue et les pourparlers sous la tutelle exclusive des facilitations extérieures. La même scène s’était produite en 2006, parce que certains ne voulaient pas voir le leader du CAR être l’artisan d’un dialogue réussi », note Gilbert Bawara.

Le cadre d’UNIR se dit convaincu que le radicalisme et le jusqu’au-boutisme d’une frange de la classe politique continuent de constituer des freins et hypothèques pour la rénovation et la modernisation de la vie politique.  

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Alors que Tikpi Atchadam estime que la feuille de route de la CEDEAO est une victoire d’étape et que la lutte doit se poursuivre, l’homme de confiance de Faure Gnassingbé indique que cet appel est une fuite en avant désespérée et sans issue.

« Il le sait et il sait ce qu’il en sera. Si vous tentez de provoquer un incendie dans une maison commune et après avoir échoué, vous vous mettez à l’abri pour demander aux autres occupants de continuer à essayer d’allumer le feu, cela devient une sorte de pathologie qui frise l’illumination. Si je comprends bien, l’intéressé se soucie plus de sa sécurité et de sa vie mais voudrait exposer celles des autres Togolais qui subissent déjà très durement les effets désastreux de la situation qu’il a provoquée pour ensuite se mettre à l’abri ? Il y aurait donc ceux qui doivent se sacrifier ou être sacrifiés pour que lui, il puisse revenir triomphalement en sauveur et en héros ? », ironise le ministre de la fonction publique précisant que les autorités ne vont pas céder à ce genre de provocations.

Pour le ministre Bawara, tout acte qui contrevient aux lois et règlements de notre pays, quels que soient le statut et la qualité des auteurs, trouvera une réponse prompte et adaptée. Certains comportements et agissements, dit-il, seront traités différemment à l’avenir.

Répondant à Tikpi Atchadam qui accuse le gouvernement de chercher à causer des troubles en incitant des personnes à brûler des mosquées que fréquentent des fidèles musulmans qui sont des militants de son parti, le point focal gouvernement dénonce des propos provocateurs et condamne la politisation de ces faits et actes gravissimes et abominables.

« L’Etat mettra tout en œuvre pour démasquer et identifier tous ceux qui sont à l’origine de ce genre d’actes afin de les traduire devant la justice. Notre rôle en tant qu’acteur politique, c’est d’appeler tous nos concitoyens à la vigilance, à l’ouverture d’esprit et à la tolérance partout dans les quartiers, les villages et localités de notre pays », a-t-il indiqué.

Evoquant par la suite la feuille de route de la CEDEAO, le ministre Bawara a noté que l’heure est venu de respecter et d’appliquer les décisions et non de poursuivre les débats.

« Ces décisions constituent une solution de synthèse et de compromis. Elles ne sont pas destinées à contenter une partie aux dépens de l’autre. Elles offrent une plateforme crédible et solide pour une issue définitive et durable à la situation socio-politique que notre pays a connue. L’heure est donc à l’action et à l’application de la feuille de route et cela se fera dans le cadre des institutions et services compétents de notre pays avec l’appui des facilitateurs et la commission CEDEAO comme le stipule le communiqué issu du sommet du 31 juillet », dit-il.

Le ministre Bawara qualifie les inquiétudes soulevées par la coalition des 14 partis de subterfuges, de manœuvres dilatoires et de stratégies de blocage. Des tentatives vaines, selon lui, destinées à replonger le pays dans une situation de statu quo. L’homme de Faure Gnassingbé n’exclut pas toutefois des contacts et échanges ainsi qu’un esprit d’ouverture pour une application concertée et harmonieuse de ces décisions et de cette feuille de route. 

Pour le ministre de la fonction publique, les dirigeants de la sous-région connaissaient le contexte et la situation politiques du Togo. De ce fait, il assure qu’il n’y a eu ni omission ni occultation de quelles que questions que ce soit.

Au sujet de la non-candidature de Faure Gnassingbé en 2020 et de l’instauration d’un gouvernement de transition, M. Bawara soutient qu’il n’y a pas de fondement juridique et politique qui pouvait conduire la conférence des chefs d’Etat et de gouvernement à consacrer la rétroactivité des modifications constitutionnelles. De même, affirme le ministre, souscrire à un gouvernement de transition tel que voulu et réclamé par la coalition reviendrait à constater l’illégitimité et l’illégalité des institutions togolaises.

« Ce sont des exigences qui traduisent un esprit de coup de force, la volonté d’imposer la dictature de la rue et de remise en cause de l’ordre constitutionnel, en totale contradiction avec les instruments de la CEDEAO et les règles et principes de la démocratie et de l’Etat de droit », a-t-il martelé.

Gilbert Bawara note également que les élections prévues pour le 20 décembre vont impérativement se tenir. Pour lui, cette date n’est pas indicative et elle n’a pas été fixée au hasard. Pour ce faire, il indique que le mode de scrutin pour les législatives sera maintenu. De même, le ministre affirme que le recensement biométrique de l’ensemble de la population pour en extraire le fichier électoral tel que proposé par la Coalition est un stratagème pour retarder indéfiniment les élections et qu’il est inacceptable.

« Les chefs d’Etat avaient d’ailleurs une raison de fixer cette date puisqu’ils souhaitent que les facilitateurs et la commission de la CEDEAO leur rendent compte du déroulement et des résultats des élections lors du prochain sommet du 22 décembre 2018. Il y a un lien entre la tenue de l’élection le 20 décembre et le sommet de la CEDEAO du 22 décembre. Conscient des contraintes attachées à ce calendrier, dès le lendemain du sommet, le gouvernement a pris contact avec la coalition et les principales forces politiques en les conviant à des concertations en vue d’examiner comment travailler ensemble et de manière inclusive pour la préparation et l’organisation des élections », précise Gilbert Bawara.

Le porte-parole du gouvernement révèle que le pouvoir avait réaffirmé début août sa disponibilité à examiner les préoccupations de la coalition relatives à la composition de la CENI et de ses démembrements.

« Au regard de la configuration actuelle de l’Assemblée nationale et par rapport à la pratique ailleurs, la CENI actuelle est caractérisée par un déséquilibre aux dépens de la majorité parlementaire. Cela étant, le gouvernement et sa majorité sont ouverts pour examiner les préoccupations de la coalition concernant la CENI et ses démembrements », a déclaré le ministre.

Gilbert Bawara annonce le déploiement des experts de la CEDEAO dès la phase d’enrôlement des électeurs et qui vont assister et appuyer la CENI pour garantir des élections irréprochables et incontestables, conformes aux normes et aux standards internationaux.

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Le ministre justifie également l’empressement du gouvernement quant à l’organisation des élections du 20 décembre. Pour lui, les élections sont un processus plus complexe, contrairement aux autres points de la feuille de route.

« Les réformes constitutionnelles seront effectuées et elles le seront avant les élections législatives et le prochain sommet de la CEDEAO. Les appréhensions sur ce sujet n’ont aucun fondement et aucune justification », déclare M. Bawara ajoutant que « tout ce qui est prévu par la feuille de route et par les décisions et qui doivent faire l’objet d’un rapport et d’un compte rendu au niveau des chefs d’Etat lors de leur prochain sommet du 22 décembre 2018 sera scrupuleusement exécuté et honoré ».

Le ministre de la fonction publique annonce l’introduction prochaine d’un texte à l’Assemblée nationale pour examen et adoption. Pour lui, la voie parlementaire a le mérite de créer les conditions d’un débat démocratique au sein de la représentation nationale et même de consacrer davantage l’esprit et le climat de consensus au sein de la classe politique. Elle permettrait également des économies en termes de ressources financières et favoriserait une mise en œuvre plus rapide des réformes.

« Le référendum demeure un ultime recours pour opérer les réformes et éviter une situation de statu quo », croit-il.

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